20 mars, Journée mondiale du conte et de la narration
Nous sommes, sans aucun doute, des êtres tissés d'histoires ; nous grandissons grâce aux mots, nous nous construisons avec eux. Dans ce processus, la narration orale et le conte occupent presque inévitablement le devant de la scène. Les bébés sont bercés au son des mots qui s'inscrivent dans le mouvement de balancement d'une jambe à l'autre. De cette manière, on apaise leur curiosité de découvrir le monde ou leur cri agité d'être enfermés dans le berceau dont on ne connaît pas l'emplacement. Lorsque le bébé n'est plus un bébé, il a appris à se nourrir de fiction, et nous trouvons un enfant qui, conscient du pouvoir de sa propre voix, réclame avec ferveur une histoire pour le coucher dans son lit. Il aura alors développé son propre jugement critique : "Mais raconte-moi quelque chose de nouveau, je connais déjà celle-là...", "Ça ne s'est pas passé comme ça...", "Raconte-moi l'histoire des frères qui se sont enfuis de la maison...", "Aujourd'hui, je veux la bonne version, la vraie...". Peut-être qu'il entendra la fin, peut-être qu'il ne l'entendra pas (la dernière hypothèse est la plus probable), mais cela n'a pas d'importance, parce qu'il a déjà fait des mots sa propre machine à téléporter. Et il grandira en se lassant d'entendre sa grand-mère ou son grand-père raconter toujours la même histoire : "Eh bien, quand j'étais jeune..." ; il pensera "voilà...", sans se rendre compte que c'est l'entraînement qui lui apprend à raconter ses propres petites histoires.
C'est pourquoi la Journée mondiale du conte et des contes est célébrée le 20 mars, parce que notre mode de vie est basé sur la tradition orale, sur le fait de raconter, ou plutôt d'écouter, des histoires. Cette célébration trouve son origine dans les conteurs suédois qui, depuis 1991, ont décidé d'entreprendre la tâche de raconter des histoires dans tout le pays. Dans la lignée de cette initiative, nous nous retrouverons également via Instagram, le dimanche 20 à 20h, pour partager les histoires que nous aimons le plus et écouter toutes celles que vous avez envie de nous raconter. Les histoires ne se racontent plus au coin du feu, ni même autour d'une table ; dans le monde de la technologie et des réseaux sociaux, elles servent de point de rencontre, car le point de rencontre n'est pas un lieu physique, mais le tissu de mots qui nous unit.
Teresa Martín Merchán